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CONSIDÉRATIONS

Elles renferment deux vérités essentielles : l’une, que le gouvernement consulaire se trouvoit dans une beaucoup meilleure situation à cet égard que celle où le roi de France avoit jamais été, puisque, d’une part, l’augmentation du territoire accroissoit les recettes, et que, de l’autre, la réduction de la dette diminuoit les dépenses ; que d’ailleurs les impôts rendoient davantage, sans que le peuple fût aussi chargé, parce que les dîmes et les droits féodaux étoient supprimés. Secondement, M. Necker affirmoit, en 1802, que jamais le crédit ne pourroit exister sans une constitution libre ; non assurément que les prêteurs de nos jours aiment la liberté par enthousiasme, mais le calcul de leur intérêt leur apprend qu’on ne peut se fier qu’à des institutions durables, et non à des ministres des finances qu’un caprice a choisis, qu’un caprice peut écarter, et qui, décidant du juste et de l’injuste au fond de leur cabinet, ne sont jamais éclairés par le grand jour de l’opinion publique.

En effet, Bonaparte a soutenu ses finances par le produit des contributions étrangères et par le revenu de ses conquêtes ; mais il n’auroit pu se faire prêter librement la plus faible partie des sommes qu’il recueilloit par la force. L’on pourroit conseiller en général aux souverains