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CONSIDÉRATIONS

du doublement du tiers, d’avoir toujours le même système de constitution, etc. Les ennemis de la liberté tiennent tous le même langage, bien qu’ils partent d’une situation très-différente. On conseilloit ensuite à M. Necker de ne plus se mêler de politique, et de s’en remettre au premier consul, seul capable de bien gouverner la France : ainsi, les despotes trouvent toujours les penseurs de trop dans les affaires. Le consul finissoit en déclarant que moi, fille de M. Necker, je serais exilée de Paris, précisément à cause des Dernières vues de politique et de finances publiées par mon père.

J’ai mérité depuis, je l’espère, cet exil aussi pour moi-même ; mais Bonaparte, qui se donnoit la peine de connaître pour mieux blesser, vouloit troubler l’intimité de notre vie domestique, en me représentant mon père comme l’auteur de mon exil. Cette réflexion frappa mon père, qui ne repoussoit jamais un scrupule ; mais, grâce au ciel, il a pu s’assurer qu’elle n’approchoit pas un instant de moi.

Une chose très-remarquable dans le dernier ouvrage politique de M. Necker, peut-être supérieur encore à tous les autres, c’est qu’après avoir combattu dans les précédens avec beaucoup de force le système républicain en France,