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CONSIDÉRATIONS

portante et la plus civique sortoit jamais de ses mains. Le monarque lui même n’y participe qu’indirectement, et par la médiation des membres de la chambre haute et de la chambre des communes qui sont en même temps ses ministres.

« Les représentans de la nation, qui, de toutes les parties d’un royaume ou d’une république, viennent se réunir tous les ans dans la capitale, et qui se rapprochent encore de leurs foyers, pendant l’ajournement des sessions, recueillent nécessairement des notions précieuses sur les améliorations dont l’administration de l’état est susceptible ; le pouvoir, d’ailleurs, de proposer des lois, est une faculté politique, féconde en pensées sociales et d’une utilité universelle, et il faut, pour l’exercer, un esprit investigateur, une âme patriotique, tandis que, pour accepter ou refuser une loi, le jugement seul est nécescessaire. C’étoit l’office des anciens parlemens de France ; et, réduits qu’ils étoient à cette fonction, ne pouvant jamais juger des objets qu’un à un, ils n’ont jamais acquis des idées générales[1]. »

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