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CONSIDÉRATIONS

mit des empiétemens tellement redoutables, qu’après la faute de signer ce traité, celle de ne pas le rompre eût été la plus grande. À cette époque, en 1803, malheureusement pour l’esprit de liberté en Angleterre, et par conséquent sur le continent, dont elle est le fanal, le parti de l’opposition, ayant à sa tête M. Fox, fit entièrement fausse route par rapport à Bonaparte ; et dès lors ce parti, si honorable d’ailleurs, a perdu dans la nation l’ascendant qu’il eût été désirable à d’autres égards de lui voir conserver. C’étoit déjà beaucoup trop que d’avoir défendu la révolution françoise sous le règne de la terreur ; mais quelle faute, s’il se peut, plus dangereuse encore, que de considérer Bonaparte comme tenant aux principes de cette révolution dont il étoit le plus habile destructeur ! Sheridan, qui, par ses lumières et ses talens, avoit de quoi faire la gloire de l’Angleterre et la sienne propre, montra clairement à l’opposition le rôle qu’elle devoit jouer, dans le discours éloquent qu’il prononça à l’occasion de la paix d’Amiens.

« La situation de Bonaparte et l’organisation de son pouvoir sont telles, dit Sheridan, qu’il doit entrer avec ses sujets dans un terrible échange ; il faut qu’il leur promette de les