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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE V.

L’Angleterre devoit-elle faire la paix avec Bonaparte à son
avénement au consulat ?

LORSQUE le général Bonaparte fut nommé consul, ce qu’on attendoit de lui, c’étoit la paix. La nation étoit fatiguée de sa longue lutte ; et, sûre alors d’obtenir son indépendance, avec la barrière du Rhin et des Alpes, elle ne souhaitoit que la tranquillité ; certes, elle s’adressoit mal pour l’obtenir. Cependant le premier consul fit des démarches pour se rapprocher de l’Angleterre, et le ministère d’alors s’y refusa. Peut-être eut-il tort, car, deux ans après, lorsque Bonaparte avoit déjà assuré sa puissance par la victoire de Marengo, le gouvernement anglois se vit dans la nécessité de signer le traité d’Amiens, qui, sous tous les rapports, étoit plus désavantageux que celui qu’on auroit obtenu dans un moment où Bonaparte vouloit un succès nouveau, la paix avec l’Angleterre. Cependant je ne partage pas l’opinion de quelques personnes qui prétendent que si le ministère anglois avoit alors accepté les pro-