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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

potique : l’un, Cambacérès, jurisconsulte d’une grande instruction, mais, qui avoit appris, dans la convention, à plier méthodiquement devant la terreur ; et l’autre, Lebrun, homme d’un esprit très-cultivé et de manières très-polies, mais qui s’étoit formé sous le chancelier Maupeou, sous ce ministre qui avoit substitué un parlement nommé par lui à ceux de France, ne trouvant pas encore assez d’arbitraire dans la monarchie telle qu’elle étoit alors. Cambacérès étoit l’interprète de Bonaparte auprès des révolutionnaires, et Lebrun auprès des royalistes ; l’un et l’autre traduisoient le même texte en deux langues différentes. Deux habiles ministres avoient aussi chacun pour mission d’adapter l’ancien et le nouveau régime au mélange du troisième. Le premier, grand seigneur engagé dans la révolution, disoit aux royalistes qu’il leur convenoit de retrouver les institutions monarchiques, en renonçant à l’ancienne dynastie. Le second, un homme des temps funestes, mais néanmoins prêt à servir au rétablissement des cours, prêchoit aux républicains la nécessité d’abandonner leurs opinions politiques, pourvu qu’ils pussent conserver leurs places. Parmi ces chevaliers de la circonstance,