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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

il faut un pouvoir qui, par un mélange de réalité et d’imagination, influe, par son action, sur l’ensemble de la hiérarchie politique.

« Il n’est point de pays où les distinctions d’état soient plus effacées que sous le gouvernement despote des califes de l’Orient ; mais nulle part aussi les châtimens ne sont plus rapides, plus sévères et plus multipliés. Les chefs de la justice et de l’administration y ont une décoration qui suffit à tout ; c’est le cortège des janissaires, des muets et des bourreaux. »

Ces derniers paragraphes se rapportent à la nécessité d’un corps aristocratique, c’est-à-dire, d’une chambre des pairs, pour maintenir une monarchie.

Pendant son dernier ministère, M. Necker avoit défendu les principes du gouvernement anglois successivement contre le roi, les nobles et les représentans du peuple, à l’époque où chacune de ces autorités avoit été la plus forte. Il continua le même rôle comme écrivain, et il combattit dans ses ouvrages l’assemblée constituante, la convention, le directoire et Bonaparte, tous les quatre au faîte de leur prospérité, opposant à tous les mêmes principes, et leur annonçant qu’ils se perdoient, même en atteignant leur but, parce qu’en fait de politique,