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se multiplioient à l’infini dans l’intérieur, et l’on entendoit dans le gouvernement cette sorte de craquement qui précède la chute de l’édifice. On souhaita d’abord que le général Joubert se mît à la tête de l’état ; il préfera le commandement des troupes, et se fit tuer noblement par l’ennemi, ne voulant pas survivre aux revers des armées françoises. Les vœux de tous auroient désigné Moreau pour premier magistrat de la république ; et certainement ses vertus l’en rendoient digne : mais il ne se sentoit peut-être pas assez d’habileté politique pour une telle situation, et il aimoit mieux s’exposer aux dangers qu’aux affaires.

Parmi les autres généraux françois, on n’en connoissoit guère qui fussent propres à la carrière civile. Un seul, le général Bernadotte, réunissoit, comme il l’a prouvé dans la suite, les qualités d’un homme d’état et d’un grand militaire. Mais le parti républicain étoit le seul qui le portât alors, et ce parti n’approuvoit pas plus l’usurpation de la république, que les royalistes n’approuvoient celle du trône. Bernadotte se borna donc, comme nous le rappellerons dans le chapitre suivant, à rétablir les armées pendant qu’il fut ministre de la guerre. Les