sera libre. Je ne sais s’il entendait, par les lois organiques de la liberté, l’établissement de son pouvoir absolu. Quoi qu’il en soit, Barras, alors son ami, et président du directoire, lui répondit, en le supposant de bonne foi dans tout ce qu’il venoit de dire ; il finit par le charger spécialement de conquérir l’Angleterre, mission un peu difficile.
On chanta de toutes parts l’hymne que Chénier avoit composé pour célébrer cette journée. En voici le premier couplet :
L’Italie a produit ces fertiles moissons ;
Ceux-là croissoient pour nous au milieu des glaçons ;
Voici ceux de Fleurus, ceux des plaines belgiques.
Tous les fleuves surpris nous ont vus triomphans ;
Tous les jours nous furent prospères.
Que le front blanchi de nos pères
Soit couvert des lauriers cueillis par leurs enfants.
Tu fus long-temps l’effroi, sois l’honneur de la terre,
Ô république des François !
Que le chant des plaisirs succède aux cris de guerre,
La victoire a conquis la paix.
Hélas ! que sont-ils devenus, ces jours de gloire et de paix, dont la France se flattoit il y a vingt années ! Tous ces biens ont été dans les mains d’un seul homme : qu’en a-t-il fait ?