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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

si admirables dans la résistance qu’ils opposoient aux puissances coalisées, se sont faits, pour ainsi dire, les janissaires de la liberté chez eux ; et, s’immisçant dans les affaires intérieures de la France, ils ont disposé de l’autorité civile, et se sont chargés d’opérer les diverses révolutions dont nous avons été les témoins.

Les sections de Paris, de leur côté, ne furent peut-être pas exemptes de l’esprit de faction, car la cause de leur tumulte n’étoit pas d’un intérêt public urgent, puisqu’il suffisoit d’attendre dix-huit mois pour qu’il ne restât plus un conventionnel en place. L’impatience les perdit ; elles attaquèrent l’armée de la convention le 13 vendémiaire, et l’issue ne fut pas douteuse. Le commandant de cette armée étoit le général Bonaparte : son nom parut pour la première fois dans les annales du monde, le 13 vendémiaire (4 octobre) 1795. Il avoit déjà contribué, mais sans être cité, à la reprise de Toulon, en 1793, lorsque cette ville se révolta contre la convention. Le parti qui renversa Robespierre l’avoit destitué après le 9 thermidor ; et, n’ayant alors aucune ressource de fortune, il présenta un mémoire aux comités du gouvernement, pour aller à Constantinople former les Turcs à la guerre.