Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
CONSIDÉRATIONS

tenoient d’abord à ce qu’ils ne pouvoient faire adopter leurs principes exagérés, et secondement à une certaine haine contre les nobles, dans laquelle il se mêloit de mauvais mouvements. On avoit raison de ne pas vouloir de la noblesse en France, telle qu’elle existoit jadis ; mais l’aversion contre les gentilshommes n’est qu’un sentiment subalterne qu’il faut savoir dominer, pour organiser la France d’une manière stable.

L’on vit proposer cependant, en 1795, un plan de constitution républicaine, beaucoup plus raisonnable et mieux combiné que la monarchie décrétée par l’assemblée constituante en 1791. Boissy d’Anglas, Daunou et Lanjuinais, noms qu’on retrouve toujours quand un rayon de liberté luit sur la France, étoient membres du comité de constitution. On osa proposer deux chambres, sous le nom de conseil des anciens et de conseil des cinq-cents ; des conditions de propriété pour être éligible ; deux degrés d’élection, ce qui n’est pas une bonne institution en soi-même, mais ce que les circonstances rendoient nécessaire alors, pour relever les choix ; enfin un directoire composé de cinq personnes. Ce pouvoir exécutif n’avoit point encore l’autorité nécessaire