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CHAPITRE XVII.

De l’armée françoise pendant la terreur ; des fédéralistes et
de la Vendée
.

LA conduite de l’armée françoise, pendant le temps de la terreur, a été vraiment patriotique. On n’a point vu de généraux traîtres à leur serment envers l’état ; ils repoussoient les étrangers, tandis qu’ils étoient eux-mêmes menacés de périr sur l’échafaud, au moindre soupçon suscité contre leur conduite. Les soldats n’appartenoient point à tel ou tel chef, mais à la France. La patrie ne consistoit plus que dans les armées ; mais là, du moins, elle étoit encore belle, et ses bannières triomphantes servoient, pour ainsi dire, de voile aux forfaits commis dans l’intérieur. Les étrangers étoient forcés de respecter le rempart de fer qu’on opposoit à leur invasion ; et bien qu’ils se soient avancés jusqu’à trente lieues de Paris, un sentiment national, encore dans toute sa force, ne leur permit pas d’y arriver. Le même enthousiasme se manifestoit dans la marine ; l’équipage d’un vaisseau de guerre,