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CHAPITRE XV.

Du fanatisme politique.

LES événemens que nous avons rappelés jusqu’à présent ne sont que de l’histoire, dont l’exemple peut s’offrir ailleurs. Mais un abîme va s’ouvrir maintenant sous nos pas ; nous ne savons quelle route suivre dans un tel gouffre, et la pensée se précipite avec effroi de malheurs en malheurs, jusqu’à l’anéantissement de tout espoir et de toute consolation. Nous passerons, le plus rapidement qu’il nous sera possible, sur cette crise affreuse, dans laquelle aucun homme ne doit fixer l’attention, aucune circonstance ne sauroit exciter l’intérêt : tout est semblable, bien qu’extraordinaire ; tout est monotone, bien qu’horrible ; et l’on seroit presque honteux de soi-même, si l’on pouvoit regarder ces atrocités grossières d’assez près pour les caractériser en détail. Examinons seulement le grand principe de ces monstrueux phénomènes, le fanatisme politique.

Les passions mondaines ont toujours fait partie du fanatisme religieux ; et souvent, au