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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

gleterre que M. Pitt fût le chef de l’état, dans la crise la plus dangereuse où ce pays se soit trouvé ; mais il ne l’étoit pas moins qu’un esprit aussi étendu que celui de M. Fox soutînt les principes malgré les circonstances, et sût préserver les dieux pénates des amis de la liberté, au milieu de l’incendie. Ce n’est point pour contenter les deux partis que je les loue ainsi tous les deux, quoiqu’ils aient soutenu des opinions très-opposées. Le contraire en France devoit peut-être avoir lieu ; les factions diverses y sont presque toujours également blâmables ; mais, dans un pays libre, les partisans du ministère et les membres de l’opposition peuvent avoir tous raison à leur manière, et ils font souvent chacun du bien selon l’époque ; ce qui importe seulement, c’est de ne pas prolonger le pouvoir acquis par la lutte, après que le danger est passé.