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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Hampden, le lord Falkland, le comte de Bedford, tous ces personnages à qui nous sommes accoutumés à rendre des honneurs presque divins, pour le bien qu’ils ont fait à la race humaine et à leur patrie, pour les maux dont ils nous ont délivrés, pour le courage prudent, l’humanité généreuse, le noble désintéressement, avec lesquels ils ont poursuivi leurs desseins : voilà les hommes qui, suivant la doctrine professée dans ce jour, doivent être voués à une exécration éternelle.

« Jusqu’ici nous trouvions Hume assez sévère, lorsqu’il dit que Hampden est mort au moment favorable pour sa gloire, parce que, s’il eût vécu quelques mois de plus, il alloit probablement découvrir le feu caché d’une violente ambition. Mais Hume va nous paroître bien doux auprès du très-honorable secrétaire de la guerre. Selon ce dernier, les hommes qui ont noirci par leurs crimes la cause brillante de la liberté, ont été vertueux en comparaison de ceux qui vouloient seulement délivrer leur pays du poids des abus, des fléaux de la corruption et du joug de la tyrannie. Cromwell, Harrisson, Bradshaw, l’exécuteur masqué qui a fait tomber la tête de l’infortuné Charles Ier :