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CONSIDÉRATIONS

ministère renvoya l’ambassadeur de France, la nation angloise souhaitoit la guerre, plus vivement encore que son gouvernement.

Je crois avoir suffisamment développé, dans les chapitres précédens, qu’en 1791, pendant la durée de l’assemblée constituante, et même en 1792, sous l’assemblée législative, les puissances étrangères ne devoient pas accéder à la convention de Pilnitz. Ainsi donc, si la diplomatie angloise s’est mêlée de ce grand acte politique, elle est intervenue trop tôt dans les affaires de France, et l’Europe s’en est mal trouvée, puisque c’est ainsi qu’elle a donné d’immenses forces militaires aux François. Mais, au moment où l’Angleterre a déclaré formellement la guerre à la France, en 1793, les jacobins s’étoient tout-à-fait emparés du pouvoir, et non-seulement leur invasion en Hollande, mais leurs crimes et les principes qu’ils proclamoient, faisoient un devoir d’interrompre toute communication avec eux. La persévérance de l’Angleterre, à cette époque, l’a préservée des troubles qui menaçoient son repos intérieur, lors de la révolte de la flotte et de la fermentation des sociétés populaires ; et de plus, elle a soutenu l’espoir des honnêtes gens, en leur montrant quelque part sur cette terre la morale et la liberté