homme tel que le cardinal de Richelieu auroit su prévenir la révolution. Le comte de Strafford, ministre favori de Charles Ier, étoit d’un caractère ferme et même despotique ; il avoit, de plus que le cardinal de Richelieu, l’avantage d’être un grand et brave militaire, ce qui donne une meilleure grâce à l’exercice du pouvoir absolu. M. Necker a joui de la plus grande popularité qu’aucun homme ait eue en France ; le comte de Strafford a toujours été l’objet de l’animosité du peuple, et tous les deux cependant ont été renversés par la révolution, et sacrifiés par leur maître : le premier, parce que les communes le dénoncèrent, le second, parce que les courtisans exigèrent son renvoi. Enfin (c’est ici la plus remarquable des différences) on n’a cessé de reprocher à Louis XVI de n’avoir pas monté à cheval, de n’avoir pas repoussé la force par la force, et d’avoir craint la guerre civile avant tout. Charles Ier l’a commencée, avec des motifs sans doute très-plausibles, mais enfin il l’a commencée. Il quitta Londres, se rendit dans la province, et se mit à la tête d’une armée qui défendit l’autorité royale jusqu’à la dernière extrémité. Charles Ier ne voulut pas reconnaître la compétence du tribunal qui le condamna ; Louis XVI ne fit
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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE