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CONSIDÉRATIONS

vais moyen encore d’appeler les étrangers ; elle entoura le trône constamment, et se battit avec le roi pendant la guerre civile. Les principes philosophiques, à la mode en France au commencement de la révolution, excitoient un grand nombre de nobles à tourner eux-mêmes en ridicule leurs priviléges. L’esprit du dix-septième siècle ne portoit pas la noblesse angloise à douter de ses propres droits. La chambre étoilée punit, avec une extrême rigueur, des hommes qui s’étoient permis de plaisanter sur quelques lords. La plaisanterie n’est jamais interdite aux François. Les nobles d’Angleterre étoient graves et sérieux, tandis que ceux de France sont légers et moqueurs ; et cependant les uns et les autres furent également dépouillés de leurs priviléges : et, tandis que tout a différé dans les mesures de défense, tout fut pareil dans la défaite.

L’on a souvent dit que la grande influence de Paris sur le reste de la France étoit l’une des causes de la révolution. Londres n’a jamais exercé le même ascendant sur l’Angleterre, parce que les grands seigneurs anglois vivoient beaucoup plus dans les provinces que les grands seigneurs françois. Enfin, on a prétendu que le premier ministre de Louis XVI, M. Necker, avoit des principes républicains, et qu’un