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penses que par l’augmentation des impôts ; lorsque la guerre devenoit malheureusement nécessaire, y suffire par des emprunts dont l’intérêt fût assuré, ou par une économie nouvelle, ou par un impôt de plus : tels sont les premiers principes dont M. Necker ne s’écartoit jamais.

Il est aisé de concevoir qu’aucun peuple ne peut faire la guerre avec son revenu habituel ; il faut donc que le crédit permette d’emprunter, c’est-à-dire, de faire partager aux générations futures le poids d’une guerre qui doit avoir leur prospérité pour objet. On pourroit encore supposer dans un état l’existence d’un trésor, comme en avoit le grand Frédéric : mais, outre qu’il n’existoit rien de pareil en France, il n’y a que les conquérans, ou ceux qui veulent le devenir, qui privent leurs pays des avantages attachés à la circulation du numéraire, et à l’action du crédit. Les gouvernemens arbitraires, soit révolutionnaires, soit despotiques, ont recours, pour soutenir la guerre, à des emprunts forcés, à des contributions extraordinaires, à des papiers monnoies ; car nul pays ne peut ni ne doit faire la guerre avec son revenu : le crédit est donc la véritable découverte moderne qui a lié les gouvernemens avec les peuples. C’est le besoin du crédit qui oblige