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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

l’intolérance : il en étoit de même de M. Necker. D’ailleurs, aucun système exclusif ne plaisoit à son esprit, dont la prudence étoit l’un des traits distinctifs. Il ne trouvoit aucun plaisir dans l’innovation en elle-même ; mais il n’avoit point les préjugés d’habitude, auxquels une raison supérieure ne sauroit jamais s’asservir.

Le premier de ses écrits fut un éloge de Colbert, qui remporta le prix à l’Académie françoise. Il fut blâmé par les philosophes d’alors parce que l’auteur n’adoptoit pas en entier, relativement au commerce et aux finances, le système dont on vouloit faire un devoir à l’esprit ; déjà se manifestoit le fanatisme philosophique, l’une des maladies de la révolution. On vouloit accorder à un petit nombre de principes le pouvoir absolu que s’étoit arrogé jusque-là un petit nombre d’hommes : dans le domaine de la pensée aussi, il ne faut rien d’exclusif.

Dans le second ouvrage de M. Necker, intitulé : Sur la Législation et le Commerce des grains, il reconnut de même la nécessité de quelques restrictions a la libre exportation des blés, restrictions commandées par l’intérêt pressant et journalier de la classe indigente.