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CONSIDÉRATIONS

les paroles et toutes les actions, toutes les vertus et toutes les passions, tous les sentimens et toutes les vanités, l’esprit public et la mode, tendoient également au même but.

On a beau parler avec dédain du caractère françois, il veut énergiquement ce qu’il veut. Si Louis XVI eût été un homme de génie, disent les uns, il se fût mis à la tête de la révolution ; il l’auroit empêchée, disent les autres. Qu’importent ces suppositions ? il est impossible que le génie soit héréditaire dans aucune famille. Or, un gouvernement qui ne pourroit se défendre contre les vœux de la nation que par le génie supérieur de ses rois, seroit dans un terrible danger de succomber.

En examinant la conduite de Louis XVI, on y trouvera sûrement des fautes, soit que les uns lui reprochent de n’avoir pas assez habilement défendu son pouvoir illimité, soit que les autres l’accusent de n’avoir pas cédé sincèrement aux lumières du siècle ; mais ses fautes ont été tellement dans la nature des circonstances, qu’elles se renouvelleroient presque autant de fois que les mêmes combinaisons extérieures se représenteroient.

Le premier choix que fit Louis XVI, pour diriger le ministère, ce fut M. de Maurepas.