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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

la force. L’on alla se promener après l’opéra dans les Champs Élysées, qui étoient superbement illuminés. Le palais et le jardin des Tuileries n’en étant séparés que par la fatale place de la Révolution, l’illumination de ce palais et du jardin se joignoit admirablement à celle des longues allées des Champs Élysées, réunies entre elles par des guirlandes de lumières.

Le roi et la reine se promenoient lentement dans leur voiture, au milieu de la foule, et chaque fois qu’on apercevoit cette voiture, on crioit : Vive le roi ! Mais c’étoient les mêmes gens qui avoient insulté le même roi à son retour de Varennes, et ils ne se rendoient pas mieux compte de leurs applaudissemens que de leurs outrages.

Je rencontrai, en me promenant, quelques membres de l’assemblée constituante. Ils ressembloient à des souverains détrônés, très-inquiets de leurs successeurs. Certes, chacun auroit souhaité, comme eux, qu’ils fussent chargés de maintenir la constitution telle qu’elle était, car on en savoit assez déjà sur l’esprit des élections pour ne pas se flatter d’une amélioration dans les affaires. Mais on s’étourdissoit par le bruit qu’on entendoit de toutes parts. Le peu-