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CONSIDÉRATIONS

pays où les lois et les mœurs vous l’enseignent, si difficile quand on a vécu sous un gouvernement arbitraire, où rien ne se décide que par les circonstances, et où les principes leur sont toujours soumis. Enfin, dans tous les temps et dans tous les pays, faire passer une nation du gouvernement des cours à celui de la loi, c’est une crise de la plus grande difficulté, lors même que l’opinion la rend inévitable.

L’histoire doit donc considérer l’assemblée constituante sous deux points de vue ; les abus qu’elle a détruits, et les institutions qu’elle a créées. Sous le premier rapport, elle a de grands droits à la reconnaissance de la race humaine ; sous le second, les plus graves erreurs peuvent lui être reprochées.

Sur la proposition de M. de la Fayette, une amnistie générale fut accordée à tous ceux qui avoient pris part au voyage du roi, ou commis ce qu’on peut appeler des délits politiques. Il fit décréter aussi que tout individu pourroit sortir de France et y rentrer sans passe-port. L’émigration étoit alors déjà commencée. Je distinguerai dans le chapitre suivant l’émigration politique de l’émigration nécessaire qui eut lieu plus tard. Mais ce qu’il importe de remar-