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les principes qu’elle consacroit avoient pour eux l’assentiment universel. L’enthousiasme patriotique étoit si vif, que tout Paris se portoit en foule à la fédération de 1790, comme l’année précédente à la destruction de la Bastille.

C’étoit dans le Champ de Mars, en face de l’École militaire, et non loin de l’Hôtel des Invalides, que la réunion des milices nationales devoit avoir lieu. Il falloit élever autour de cette vaste enceinte des tertres de gazon pour y placer les spectateurs. Des femmes du premier rang se joignirent à la multitude des travailleurs volontaires qui venoient concourir aux préparatifs de cette fête. Devant l’École militaire, en face de la rivière qui borde le Champ de Mars, on avoit placé des gradins avec une tente pour servir d’abri au roi, à la reine et à toute la cour. Quatre-vingt-trois lances plantées en terre, et auxquelles étoient suspendues les bannières de chaque département, formoient un grand cercle dont l’amphithéâtre où devoit s’asseoir la famille royale faisoit partie. On voyoit à l’autre extrémité un autel préparé pour la messe, que M. de Talleyrand, alors évêque d’Autun, célébra dans cette grande circonstance. M. de la Fayette s’approcha de