Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/374

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
360
CONSIDÉRATIONS

dulité ne s’est-elle pas introduite précisément par le spectacle des richesses ecclésiastiques et des abus qu’elles entraînoient ? Il en est de la religion comme des gouvernements ; quand vous voulez maintenir de force ce qui n’est plus en rapport avec le temps, vous dépravez le cœur humain, au lieu de l’améliorer. Ne trompez pas les faibles, n’irritez pas non plus une autre espèce d’hommes faibles, les esprits forts, en excitant les passions politiques contre la religion ; séparez bien l’une des autres, et les sentimens solitaires ramèneront toujours aux pensées élevées.

Un grand tort, dont il semble cependant qu’il devoit être facile à l’assemblée constituante de se préserver, c’est la funeste invention d’un clergé constitutionnel ; exiger des prêtres un serment contraire à leur conscience, et lorsqu’ils s’y refusent, les persécuter par la privation d’une pension, et plus tard même par la déportation, c’étoit avilir ceux qui prêtoient ce serment, auquel étoient attachés des avantages temporels.

L’assemblée constituante ne devoit point songer à se faire un clergé à sa dévotion, et donner ainsi lieu, comme on l’a fait depuis, à tourmenter les ecclésiastiques attachés à leur ancienne