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CONSIDÉRATIONS

à cette époque ; et, lorsque le roi consentit, dix-huit mois après, au voyage de Varennes, il dut voir qu’il n’avoit eu aucune raison de crainte à cet égard. M. Necker n’étoit pas d’avis que la cour s’en allât ainsi sans aucun secours qui pût assurer le succès de cette démarche décisive ; mais il offrit pourtant au roi de le suivre, s’il s’y décidait, prêt à lui dévouer sa fortune et sa vie, quoiqu’il sût bien quelle seroit sa situation, en conservant ses principes au milieu de courtisans qui n’en connaissent qu’un en politique comme en religion, l’intolérance.

Le roi ayant succombé à Paris sous le glaive des factieux, il est naturel que ceux qui ont été d’avis de son départ, le 5 octobre, s’en glorifient ; car on peut toujours dire ce qu’on veut des bons effets d’un conseil qui n’a pas été suivi. Mais, outre qu’il étoit peut-être déjà impossible au roi de sortir de Versailles, il ne faut point oublier que M. Necker, en admettant la nécessité de venir à Paris, proposoit en même temps que le roi marchât désormais sincèrement avec la constitution, et ne s’appuyât que sur elle ; sans cela l’on s’exposoit, quoi qu’on fit, aux plus grands malheurs. Le roi, tout en se déterminant à rester, pouvoit encore prendre le parti de se mettre à