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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

Henri III, il blâma les barons rebelles, mais il fut d’avis que Henri III devoit être fidèle à la charte qu’il avoit jurée. Celui qui resta prisonnier en Afrique, pour ne pas manquer à ses sermens, pouvoit-il énoncer une autre opinion ? « J’aimerois mieux, disoit-il, qu’un étranger de l’extrémité de l’Europe, qu’un Écossais vînt gouverner la France, plutôt que mon fils, s’il ne devoit pas être sage et juste. » Charles V, pendant qu’il n’étoit que régent, convoqua les états généraux de 1355, les plus remarquables de l’histoire de France, par les réclamations qu’ils firent en faveur de la nation. Ce même Charles V, devenu roi, assembla les états généraux en 1369, afin d’en obtenir l’impôt des gabelles, alors établi pour la première fois ; il permit aux bourgeois de Paris d’acheter des fiefs ; mais, comme les étrangers occupoient alors une partie du royaume, l’on peut aisément concevoir que le premier intérêt d’un roi de France étoit de les repousser : et cette cruelle situation fut cause que Charles V se permit d’exiger quelques impôts sans le consentement de la nation. Mais, en mourant, il déclara qu’il s’en repentoit, et reconnut qu’il n’en avoit pas eu le droit. Les troubles intérieurs, combinés avec les invasions des An-