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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

quées par l’intérêt personnel ne font effet sur qui que ce soit. Revenons au tableau de la situation de la France, à l’approche des premiers forfaits dont tous les autres sont dérivés.

La direction générale des affaires à la cour étoit la même qu’avant la révolution du 14 juillet ; mais, les moyens de l’autorité royale se trouvant singulièrement diminués, le danger de provoquer une insurrection nouvelle devoit être encore plus grand. M. Necker savoit bien qu’il n’avoit pas la confiance entière du roi, ce qui l’affaiblissoit aux yeux des représentans du peuple ; mais il n’hésita point à sacrifier par degrés toute sa popularité à la défense du trône. Il n’y a point sur cette terre de plus grandes épreuves pour la morale que les emplois politiques ; car les argumens dont on peut se servir à ce sujet, pour concilier sa conscience avec son intérêt, sont sans nombre. Cependant le principe dont on ne doit guère s’écarter, c’est de porter ses secours aux faibles ; il est rare qu’on se trompe en se dirigeant sur cette boussole.

M, Necker pensoit que la plus parfaite sincérité envers les représentans du peuple étoit le meilleur calcul pour le roi ; il lui conseilloit de se servir de son veto pour refuser ce qui lui parois-