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CONSIDÉRATIONS

ciens états généraux, rassemblés seulement pour s’occuper des finances ; c’étoit aux discussions constitutionnelles qu’elle mettoit le plus grand intérêt. À cet égard elle avoit raison ; mais, en négligeant les objets d’administration, elle provoquoit le désordre dans le royaume, et par le désordre tous les malheurs dont elle-même a porté le poids.

Pendant que la France avoit à craindre la famine et la banqueroute, les députés prononçoient des discours dans lesquels ils disoient que chaque homme tient de la nature le droit et le désir d’être heureux, que la société a commencé par le père et le fils, et d’autres vérités philosophiques faites pour être discutées dans les livres, et non au milieu des assemblées. Mais si le peuple avoit besoin de pain, les orateurs avoient besoin de succès ; et la disette, à cet égard, leur auroit paru très-difficile à supporter.

L’assemblée mit, par un arrêté solennel, la dette publique sous la sauvegarde de l’honneur et de la loyauté françoise, et néanmoins aucune mesure ne fut prise pour donner à ces belles paroles un résultat positif. M. Necker proposa un emprunt à cinq pour cent ; l’assemblée trouva, comme de raison, que quatre et demi