Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tilshommes, et captivés par leurs doctrines démocratiques.

Ces chefs élégans du parti populaire vouloient entrer dans le ministère. Ils souhaitoient de conduire les affaires jusqu’au point où l’on auroit besoin d’eux ; mais, dans cette rapide descente, le char ne s’arrêta point à leur relais ; ils n’étoient point conspirateurs, mais ils se confioient trop en leur pouvoir sur l’assemblée, et se flattoient de relever le trône, dès qu’ils l’auroient fait arriver jusqu’à leur portée : mais, quand ils voulurent de bonne foi réparer le mal déjà fait, il n’étoit plus temps. On ne sauroit compter combien de désastres auroient pu être épargnés à la France, si ce parti de jeunes gens se fût réuni avec les modérés ; car, avant les événemens du 6 octobre, lorsque le roi n’avoit point été enlevé de Versailles, et que l’armée françoise, répandue dans les provinces, conservoit encore quelque respect pour le trône, les circonstances étoient telles qu’on pouvoit établir une monarchie raisonnable en France. La philosophie commune se plaît à croire que tout ce qui est arrivé étoit inévitable : mais à quoi serviroient donc la raison et la liberté de l’homme, si sa volonté n’avoit pu prévenir ce que cette volonté a si visiblement accompli ?