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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

cord avec les lumières déjà répandues parmi la nation américaine. En Angleterre, le bill des droits ne portoit point sur des idées générales, il consacroit des lois et des institutions positives.

La déclaration des droits de 1789 renfermoit ce qu’il y avoit de meilleur dans celles d’Angleterre et d’Amérique ; mais peut-être auroit-il mieux valu s’en tenir à ce qui, d’une part, n’est pas contestable, et, de l’autre, ne sauroit être susceptible d’aucune interprétation dangereuse. Il n’y a pas de doute que les distinctions sociales ne peuvent avoir d’autre but que l’utilité de tous, que tous les pouvoirs politiques émanent de l’intérêt du peuple, que les hommes naissent et demeurent libres et égaux devant la loi ; mais il y a bien de l’espace pour des sophismes dans un champ aussi vaste, tandis que rien n’est plus clair et plus positif que l’application de ces vérités à la liberté individuelle, à l’établissement du jury, à la liberté de la presse, à l’élection populaire, à la division du pouvoir législatif, au consentement des subsides, etc. Philippe-le-Long a dit que tout homme, et en particulier tout François, naissoit et demeuroit libre ; l’on sait, au reste, qu’il ne s’est pas laissé gêner par les consé-