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CONSIDÉRATIONS

quoique sa raison lui défendît d’admettre leur système en France. Depuis le départ de M. de la Fayette pour l’Amérique, il y a quarante ans, on ne peut citer ni une action, ni une parole de lui qui n’ait été dans la même ligne, sans qu’aucun intérêt personnel se soit jamais mêlé à sa conduite. Le succès auroit mis cette manière d’être en relief ; mais elle mérite toute l’attention de l’historien, malgré les circonstances et même les fautes qui peuvent servir d’armes aux ennemis.

Le 11 juillet, avant que le tiers état eut triomphé, M. de la Fayette parut à la tribune de l’assemblée constituante, pour proposer une déclaration des droits à peu près semblable à celle que les Américains mirent à la tête de leur constitution, lorsqu’ils eurent conquis leur indépendance. Les Anglais aussi, quand ils appelèrent Guillaume III à la couronne, après l’exclusion des Stuarts, lui firent signer un bill des droits sur lesquels la constitution actuelle de l’Angleterre est fondée. Mais la déclaration des droits d’Amérique étant destinée à un peuple où nul privilége antérieur n’opposoit d’obstacle au dessein pur de la raison, on mit à la tête de cette déclaration des principes universels sur la liberté et l’égalité politiques, tout à fait d’ac-