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CONSIDÉRATIONS

chef de la garde nationale de Paris, peut-être aussi n’auroit-il pu triompher des circonstances ; peut-être auroit-il aussi échoué contre la difficulté d’être fidèle à ses sermens envers le roi, et d’établir cependant la liberté de la nation.

M. de la Fayette, il faut le dire, doit être considéré comme un véritable républicain ; aucune des vanités de sa classe n’est jamais entrée dans sa tête ; la puissance, dont l’effet est si grand en France, n’a point d’ascendant sur lui ; le désir de plaire dans les salons ne modifie pas la moindre de ses paroles ; il a sacrifié toute sa fortune à ses opinions avec la plus généreuse indifférence. Dans les prisons d’Olmutz, comme au pinacle du crédit, il a été également inébranlable dans son attachement aux mêmes principes. C’est un homme dont la façon de voir et de se conduire est parfaitement directe. Qui l’a observé peut savoir d’avance avec certitude ce qu’il fera dans toute occasion. Son esprit politique est pareil à celui des Américains des États-Unis, et sa figure même est plus anglaise que françoise. Les haines dont M. de la Fayette est l’objet n’ont jamais aigri son caractère, et sa douceur d’âme est parfaite ; mais aussi rien n’a jamais modifié ses opinions, et sa confiance dans le triom-