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CONSIDÉRATIONS

étrangers sont attirés sans cesse par les délices de ce pays ; les Italiens ont besoin de l’unité pour former enfin une nation. Le gouvernement ecclésiastique a toujours rendu cette réunion impossible ; non que les papes fussent les partisans des étrangers ; au contraire, ils auroient voulu les repousser : mais, en leur qualité de prêtres, ils étoient hors d’état de défendre le pays, et ils empêchoient cependant tout autre pouvoir de s’en charger.

L’Angleterre est le seul des grands empires de l’Europe où le dernier perfectionnement de l’ordre social à nous connu se soit accompli. Le tiers-état, ou, pour mieux dire, la nation, a, comme ailleurs, aidé le pouvoir royal, sous Henri VIII, à comprimer les grands et le clergé, et à s’étendre à leurs dépens. Mais la noblesse anglaise a été de bonne heure plus libérale que celle de tous les autres pays ; et dès la grande charte, on voit les barons stipuler en faveur des libertés du peuple. La révolution d’Angleterre a duré près de cinquante ans, à dater des premières guerres civiles, sous Charles Ier, jusquà l’avénement de Guillaume III, en 1688 ; et les efforts de ces cinquante années n’ont eu pour but réel et permanent que l’établissement de la constitution