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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

SECONDE PARTIE.

CHAPITRE PREMIER.

Mirabeau.

ON diroit qu’à toutes les époques de l’histoire il y a des personnages qu’on peut considérer comme les représentans du bon et du mauvais principe. Tels étoient Cicéron et Catilina dans Rome ; tels furent M. Necker et Mirabeau en France. Mirabeau, doué de l’esprit le plus énergique et le plus étendu, se crut assez fort pour renverser le gouvernement, et pour établir sur les ruines un ordre de choses quelconque qui fût l’œuvre de ses mains. Ce projet gigantesque perdit la France et le perdit lui-même car il se conduisit d’abord comme un factieux bien que sa véritable manière de voir fût celle de l’homme d’état le plus réfléchi. Ayant passé toute sa vie, jusqu’à quarante ans qu’il avoit alors, dans les procès, les enlèvemens et les prisons, il étoit banni de la bonne