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CONSIDÉRATIONS

bres des trois ordres qui n’avoient point favorisé le système des innovations, et là de leur faire consentir à la hâte les impôts et les emprunts dont elle avoit besoin, afin de les congédier ensuite. Comme un tel projet ne pouvoit être secondé par M. Necker, on se proposoit de le renvoyer dès que la force militaire seroit rassemblée. Cinquante avis par jour l’informoient de sa situation, et il ne lui étoit pas possible d’en douter ; mais, ayant vu l’effet violent qu’avoit produit, le 23 juin, la nouvelle de sa démission, il étoit décidé à ne pas exposer la chose publique à une nouvelle secousse ; car ce qu’il redoutoit le plus au monde, c’étoit d’obtenir un triomphe personnel aux dépens de l’autorité du roi. Ses partisans, effrayés des ennemis dont il étoit environné, le conjuroient de se retirer : il savoit qu’il étoit question de le mettre à la Bastille ; mais il savoit aussi que, dans les circonstances où l’on se trouvoit alors, il ne pouvoit quitter sa place sans confirmer les bruits qui se répandoient sur les mesures violentes que l’on préparoit à la cour. Le roi s’étant résolu à ces mesures, M. Necker ne voulut pas y prendre part, mais il ne vouloit pas non plus donner le signal de s’y opposer,