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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

et pour lui, il n’a jamais renoncé tout à fait.

M. Necker, vaincu par les instances que le roi et la reine daignèrent lui faire, promit de rester ministre, et ne parla plus que de l’avenir ; il ne dissimula point les dangers de la situation des affaires ; néanmoins il dit qu’il se flattoit encore d’y remédier, pourvu qu’on ne fit pas venir les troupes autour de Paris, si l’on n’étoit pas certain de leur obéissance ; dans ce cas, il demandoit à quitter le ministère, ne pouvant plus que faire des vœux pour le roi dans sa retraite.

Il ne restoit que trois moyens pour prévenir la crise politique dont on étoit menacé : l’espoir que le tiers état fondoit encore sur les dispositions personnelles du roi ; l’inquiétude vague du parti que prendroient les troupes, inquiétude qui pouvoit encore contenir les factieux ; enfin la popularité de M. Necker. Nous allons voir comment ces ressources furent perdues en quinze jours, par les conseils du comité auquel la cour s’abandonnoit en secret.

En retournant de chez le roi à sa maison, M. Necker fut porté en triomphe par le peuple. De si vifs transports sont encore présens à mon souvenir, et raniment en moi l’émotion qu’ils m’ont causée, dans ces beaux