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CONSIDÉRATIONS

mières qui lui seroient venues d’une assemblée de députés, composée comme le parlement anglois, n’auroient-elles pas valu pour lui celles qu’il tiroit de son conseil ou de sa cour ? Pourquoi mettre enfin, à la place des devoirs mutuels entre le souverain et son peuple, la théorie renouvelée des Juifs sur le droit divin ? Mais, sans la discuter ici on ne sauroit nier au moins qu’il faut de la force pour maintenir cette théorie, et que le droit divin a besoin d’une armée terrestre pour se manifester aux incrédules. Or, quels étoient alors les moyens dont l’autorité royale pouvoit se servir ?

Deux partis raisonnables seulement restoient à prendre triompher de l’opinion ou traiter avec elle. La force, la force, s’écrient ces hommes qui croient s’en donner, seulement en prononçant ce mot. Mais en quoi consiste la force d’un souverain, si ce n’est dans l’obéissance de ses troupes ? Or l’armée, dès 1789, partageoit en grande partie les opinions populaires contre lesquelles on vouloit l’employer. Elle n’avoit presque pas fait la guerre depuis vingt-cinq ans, et c’étoit une armée de citoyens imbue des sentimens de la nation, et qui se faisoit honneur de s’y associer. Si le roi s’étoit mis à sa tête, dira-t-on, il en au-