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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

donc ? Ils se rapprochoient malheureusement de ceux d’Espagne et d’Italie, et ils n’échappoient à cette triste comparaison que par leur élégance en société, et l’instruction de quelques-uns d’entre eux ; mais ceux-là même, pour la plupart, abjuroient la doctrine de leur ordre, et l’ignorance seule restoit à la garde des préjugés.

Quels orateurs pouvoient soutenir ce parti abandonné par ses membres les plus distingués ? L’abbé Maury, qui étoit bien loin d’occuper un premier rang dans le clergé de France, défendoit ses abbayes sous le nom du bien public ; et un capitaine de cavalerie, anobli depuis vingt-cinq ans, M. de Casalès, fut le champion des priviléges de la noblesse dans l’assemblée constituante. On a vu depuis ce même homme se rattacher l’un des premiers à la dynastie de Bonaparte ; et le cardinal Maury, ce me semble, s’y est assez volontiers prêté. L’on peut donc croire, dans cette occasion comme dans toute autre, que de nos jours, les avocats des préjugés sont souvent très-disposés à transiger pour des intérêts personnels. La majorité de la noblesse, se sentant délaissée en 1789 par les talens et les lumières, procla-