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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

ces trois mots c’étoit ainsi jadis. Cependant, leur répondoit-on ce sont des circonstances qui ont amené ce qui étoit, et ces circonstances sont entièrement changées : n’importe, rien n’arrivoit à leur conviction. Ils avoient une certaine fatuité aristocratique dont on ne peut avoir l’idée nulle part ailleurs qu’en France ; un mélange de frivolité dans les manières et de pédanterie dans les opinions ; et le tout réuni au plus complet dédain pour les lumières et pour l’esprit à moins qu’il ne se fit bête c’est-à-dire qu’il ne s’employât à faire rétrograder la raison.

En Angleterre, le fils aîné d’un lord est d’ordinaire membre de la chambre des communes, jusqu’à ce qu’à la mort de son père, il entre dans la chambre haute ; les fils cadets restent dans le corps de la nation dont ils font partie. Un lord disoit spirituellement : « Je ne puis pas devenir aristocrate, car j’ai chez moi constamment des représentans du parti populaire ; ce sont mes fils cadets. » La réunion graduée des divers états de l’ordre social est une des admirables beautés de la constitution angloise. Mais ce que l’usage avoit introduit en France, c’étoient deux choses pour ainsi dire contradictoires : un respect tel pour l’antiquité de la no-