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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XVII.

De la résistances des ordres privilégiés aux demandes du tiers
état, en 1789.

M.de la Luzerne, évêque de Langres, un des meilleurs esprits de France, écrivit, à l’ouverture des états généraux, une brochure pour proposer que les trois ordres se formassent en deux chambres, le haut clergé se réunissant à la noblesse, et le bas clergé aux communes. M. le marquis de Montesquiou, depuis général, en fit la motion, mais en vain, dans la chambre de la noblesse. En un mot, tous les hommes éclairés sentoient la nécessité de détruire cette délibération en trois ordres, avec le veto de l’un sur l’autre ; car, indépendamment de son injustice radicale, elle rendoit impossible de terminer aucune affaire.

Il y a dans l’ordre social, comme dans l’ordre naturel, de certains principes dont on ne sauroit s’écarter sans amener la confusion. Les trois pouvoirs sont dans l’essence des choses. La monarchie, l’aristocratie et la démocratie existent dans tous les gouvernemens, comme