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CONSIDÉRATIONS

la famille, régnante. La primogéniture fut heureusement reconnue avec la troisième race. Mais, jusqu’au sacre de Louis XVI inclusivement, le consentement du peuple à toujours été rappelé comme la base, des droits du souverain au trône.

Il y avoit déjà, sous Charlemagne, quelque chose qui ressembloit plus à la pairie d’Angleterre que l’institution de la noblesse, telle qu’on l’a vue en France depuis deux siècles. Je fais cette observation sans y attacher beaucoup d’importance. Tant mieux, sans doute, si la raison en politique est d’antique origine ; mais, fût-elle une parvenue, encore faudroit-il l’accueillir.

Le régime féodal valoit beaucoup mieux pour les nobles que l’état de courtisans auquel le despotisme royal les a condamnés. C’est une question purement métaphysique maintenant que de savoir si l’espèce humaine gagneroit à l’indépendance d’une classe plutôt qu’à l’oppression exercée doucement, mais également sur toutes. Il s’agit seulement de remarquer que les nobles, dans le temps de leur splendeur, avaient un genre de liberté politique, et que le pouvoir absolu des rois s’est établi contre les grands avec l’appui des peuples.