craindre un tel résultat, il falloit le désirer. Pourquoi donc, diront les adversaires de M. Necker, n’a-t-il pas fait prononcer au roi sa résolution sur ce point, lorsque le doublement du tiers fut accordé ? Il ne l’a pas fait, parce qu’il pensoit qu’un tel changement devoit être concerté avec les représentants de la nation ; mais il l’a proposé dès que ces représentants ont été rassemblés. Malheureusement le parti aristocrate s’y opposa, et perdit ainsi la France en se perdant lui-même.
Une disette de blé, telle qu’il ne s’en étoit pas fait sentir depuis longtemps en France, menaça Paris de la famine pendant l’hiver de 1788 à 1789. Les soins infinis de M. Necker, et le dévouement de sa propre fortune, dont il avoit déposé la moitié au trésor royal, prévinrent à cet égard des malheurs incalculables. Rien ne dispose le peuple au mécontentement comme les craintes sur les subsistances ; cependant il avoit tant de confiance dans l’administration, que nulle part le trouble n’éclata. Les états généraux s’annonçoient sous les plus heureux auspices ; les privilégiés, par leur situation même, ne pouvoient abandonner le trône, bien qu’ils l’eussent ébranlé ; les députés du tiers état étoient reconnaissans de ce qu’on