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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

rement silence ? En quoi donc consistoit la constitution de l’état ? dans l’hérédité du pouvoir royal uniquement. C’est une très-bonne loi, sans doute, puisqu’elle est favorable au repos des empires ; mais ce n’est pas une constitution.

Les états généraux ont été convoqués dix-huit fois seulement, depuis 1302 jusqu’à 1789, c’est-à-dire, pendant près de cinq siècles, et les états généraux, cependant, avaient seuls le droit de consentir les impôts. Ainsi donc, ils auraient dû être rassemblés chaque fois qu’on renouveloit les taxes ; mais les rois leur ont souvent disputé cette prérogative, et se sont passés d’eux arbitrairement. Les parlemens sont intervenus par la suite entre les rois et les états généraux ; ils ne niaient pas le pouvoir absolu de la couronne, et cependant ils se disaient les gardiens des lois du royaume. Or, quelles lois y a-t-il dans un pays où l’autorité royale est sans bornes ? Les parlemens faisaient des remontrances sur les édits qu’on leur envoyoit ? le roi leur ordonnoit de les enregistrer et de se taire. S’ils n’avaient pas obéi, ils auraient été inconséquents : car, reconnaissant la volonté du roi comme suprême en toutes choses, qu’étaient-ils, et que pouvaient-ils dire, à moins qu’ils n’en obtinssent la permission du monar-