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rois, disait-il, se détruit en voulant trop s’établir. » Tout le système politique du cardinal de Richelieu consistoit dans la destruction du pouvoir des grands, avec l’appui du peuple : mais avant, et même pendant le ministère de Richelieu, les magistrats du parlement professaient toujours les maximes les plus libérales. Pasquier, sous Henri III, disoit que la royauté étoit une des formes de la république ; entendant par ce mot le gouvernement qui avoit pour but le bien du peuple. Le célèbre magistrat Talon s’exprimoit ainsi sous Louis XIII : « Autrefois les volontés de nos rois n’étaient point exécutées par les peuples, qu’elles ne fussent souscrites en original par tous les grands du royaume, les princes, et les officiers de la couronne qui étaient à la suite de la cour. À présent, cette juridiction politique est dévolue dans les parlements. Nous jouissons de cette puissance seconde, que la prescription du temps autorise, que les sujets souffrent avec patience et honorent avec respect. » Tels ont été les principes des parlements ; ils ont admis, comme les constitutionnels d’aujourd’hui, la nécessité du consentement du peuple ; mais ils s’en sont déclarés les représentants, sans pourtant pou-