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néraux devoient-ils être composés ? Les ordres privilégiés, qui sur trois voix en avoient deux, pouvoient-ils se considérer comme des nations distinctes qui votoient séparément les impôts et s’y soustrayoient à leur gré, en faisant porter sur le peuple le poids des taxes nécessaires ? Quels étoient les priviléges du clergé qui se disoit tantôt indépendant du roi, tantôt indépendant du pape ? Quels étoient les pouvoirs des nobles qui tantôt, jusque sous la minorité de Louis XIV, se croyoient autorisés à réclamer leurs droits à main armée, en s’alliant avec les étrangers et qui tantôt reconnoissoient le roi pour monarque absolu ? Quelle devoit être l’existence du tiers état, affranchi par les rois, introduit dans les états généraux par Philippe-le-Bel et cependant condamné à une minorité perpétuelle, puisqu’on ne lui attribuoit qu’une voix sur trois, et que ses doléances, présentées à genoux, n’avaient aucune force positive ?

Quelle étoit la puissance politique des parlemens qui tantôt déclaroient eux-mêmes qu’ils n’avoient rien à faire qu’à rendre la justice, et tantôt se disoient les états généraux au petit pied, c’est-à-dire, les représentans des représentans du peuple ? Les mêmes parlemens ne