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torts de M. de Calonne, le roi avoit déclaré aux notables, deux mois auparavant, qu’il approuvoit ses projets ; il nuisoit donc presque autant à la dignité de son pouvoir en abandonnant ainsi un mauvais ministre, que lorsqu’il en avoit sacrifié de bons. Il y nuisit surtout par l’incroyable successeur qui fut nommé. La reine vouloit l’archevêque de Toulouse, mais le roi n’y étoit pas encore disposé. M. le maréchal de Castries, alors ministre de la marine proposa M. Necker ; mais le baron de Breteuil, qui le redoutoit, excita l’amour-propre royal de Louis XVI, en lui disant qu’il ne pouvoit choisir pour ministre celui qu’il venoit d’exiler. Les souverains qui ont le moins de résolution dans le caractère, sont ceux sur lesquels on produit le plus d’effet en leur parlant de leur autorité : on diroit qu’ils se flattent qu’elle marchera d’elle-même, comme une puissance surnaturelle, tout-à-fait indépendamment des circonstances et des moyens. Le baron de Breteuil écarta donc M. Necker ; la reine n’obtint pas l’archevêque de Toulouse et l’on se reunit pour un moment sur un terrain bien neutre, ou plutôt bien nul, la nomination de M. de Fourqueux.

Jamais perruque du conseil d’état n’avait