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M. Necker a constamment proclamé dans ses écrits sur les richesses naturelles de la France.

M. de Calonne n’avoit de popularité que parmi les courtisans ; mais telle étoit la détresse dans laquelle ses prodigalités et son insouciance plongeoient les finances qu’il se vit obligé de songer à la ressource proposée par l’homme d’état qui lui ressembloit le moins à tous égards, M. Turgot : la répartition égale des impôts entre toutes les classes. Quels obstacles cependant une telle innovation ne devoit-elle pas rencontrer, et quelle bizarre situation que celle d’un ministre qui a dilapidé le trésor royal pour se faire des partisans parmi les privilégiés, et qui se voit contraint à les indisposer tous, en leur imposant des tributs en masse, pour acquitter les dons qu’il leur a faits en détail ?

M. de Calonne savoit que le parlement ne consentiroit pas à de nouveaux impôts, et il savoit aussi que le roi n’aimoit point à recourir aux lits de justice ; ce droit royal manifestoit le despotisme de la couronne, en annulant la seule résistance que permit la constitution de l’état. D’un autre côté l’opinion publique grandissoit, et l’esprit d’indépendance se manifestoit dans toutes les classes. M. de Calonne crut qu’il