en faveur du maintien de la paix, et ce ministre, accusé de sentimens républicains, se prononça contre une guerre dont l’indépendance d’un peuple étoit l’objet. Ce n’est point, je n’ai pas besoin de le dire, qu’il ne souhaitât vivement le triomphe des Américains dans leur admirable cause ; mais d’une part il ne croyoit pas permis de déclarer la guerre sans une nécessité positive, et de l’autre, il étoit convaincu qu’aucune combinaison politique ne vaudroit à la France les avantages qu’elle pouvait retirer de ses capitaux consumés par cette guerre. Ces argumens ne prévalurent pas, et le roi se décida pour la guerre. Il faut convenir néannoins qu’elle pouvoit être appuyée par des motifs essentiels et, quelque parti qu’on prît, on s’exposait à de graves inconvéniens. Déjà le temps approchoit où l’on devoit appliquer à Louis XVI ce que Hume dit de Charles Ier : Il se trouvoit dans une situation où les fautes étoient irréparables, et cette situation ne sauroit convenir à la foible nature humaine.
Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/103
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE