grand intérêt en France. Tous les François qui furent envoyés pour servir avec le général Washington, revinrent pénétrés d’un enthousiasme de liberté qui devoit leur rendre difficile de retourner tranquillement à la cour de Versailles, sans rien souhaiter de plus que l’honneur d’y être admis. Il faut donc, dira-t-on, attribuer la révolution à la faute que fit le gouvernement françois, en prenant part à la guerre d’Amérique. Il faut attribuer la révolution à tout et à rien : chaque année du siècle y conduisoit par toutes les routes. Il étoit très-difficile de se refuser aux cris de Paris en faveur de l’indépendance des Américains. Déjà le marquis de La Fayette, un noble François, amoureux de la gloire et de la liberté, avoit obtenu l’approbation générale en allant se joindre aux Américains, avant même que le gouvernement françois eût pris parti pour eux. La résistance à la volonté du roi, dans cette circonstance, fut encouragée par les applaudissemens du pulic. Or, quand l’autorité du prince est en défaveur auprès de l’opinion, le principe de la monarchie, qui place l’honneur dans l’obéissance, est attaqué par sa base.
À quoi falloit-il donc se décider ? M. Necker fit au roi des représentations très-fortes